APPRENDRE A AIMER
Ai-je vraiment aimé un jour ou ai-je simplement été amoureuse de leur amour, de leur désir, que je recevais comme un pansement à ma blessure, comme un du ? Ils m'aimaient, je me laissais aimer, le chronomètre toujours en tête, attendant la faiblesse, celle de l'aveu, de la déclaration. Le glas alors sonnait, une page se tournait. Ils savaient que je partirais, c'était dit, ce fut fait, à chaque fois. Pas de triche, ils savaient.
Partir pour ne pas les haïr, ne pas les mépriser, pour ne pas les tuer. Effacer toute trace du passé et recommencer. Entrer dans le cercle infernal de la fuite joyeuse et vertigineuse, la valise toujours prête, le chronomètre toujours en tête. Partir pour se sentir vivre, neuve et nouvelle, libre, partir pour espérer savoir aimer un jour, peut-être. Partir pour ne pas se sentir mourir, enterrée vivante, possédée.
Valise et chronomètre toujours en tête, me voilà depuis longtemps pourtant fixée à une terre par un homme peut-être, par un cordon sûrement que jamais je ne couperai, celui qui me relie à ce petit gars qui m'a appris à aimer, sans retenue aucune, ce petit gars que j'ai porté et qui sans le savoir me porte depuis. Un jour, il prendra sa valise et je sais qu'il sera aimé et qu’il saura aimer.